Ce récit a été écrit afin de laisser un témoignage du mouvement qui s’est déroulé de janvier à mai 2006 sur l’université de Caen. Il ne s’agit pas de d’écrire une « histoire officielle » de ce mouvement car personne ne peut se l’attribuer mais d’apporter un éclairage de l’intérieur sur ce qui s’est passé. Le mouvement a pris plusieurs formes, il a été le fait de l’agrégation d’étudiants, de précaires, de chômeurs avec ou sans expérience (politique, syndicale) qui, à un moment, ont répondu collectivement à l’attaque qu’était la loi sur l’égalité des chances.
Le récit a été bâti de manière chronologique afin de démontrer qu’une mobilisation se construit progressivement et qu’il n’y a pas de solution miracle pour lancer un mouvement, contrairement à ce qu’on pourrait penser.
Ce récit n’engage que son auteur qui a pu observer, de près ou de loin, tous les faits décrits.
Pour comprendre le mouvement qui s’est déroulé de janvier à mai 2006, il faut connaître le contexte de l’université de Caen pour l’année universitaire 2005/2006.
Comme début d’année universitaire, malheureusement, plusieurs étudiants se retrouvent sans logement malgré les demandes effectuées auprès du CROUS. Une majeure partie de ces étudiants sont étrangers et ils arrivent hors programme d’échanges de type Erasmus. Le problème est récurrent et avait donné à un mouvement d’ampleur à la rentrée 2003 avec l’occupation de la halle des sports puis l’intervention de la police nationale sur le campus11. Des réunions sont donc organisées mi-septembre pour sensibiliser les autres étudiants à ce problème mais peu de personnes se mobilisent.
En revanche, les étudiants sont plus sensibles à des questions stricto-sensu universitaires : les notes-taquet et le budget de l’université. Avec la réforme LMD, l’université de Caen a décidé de mettre en place un système de note dite taquet en dessous de laquelle la compensation entre les semestres d’une même année n’est pas possible. Autre préoccupation, le budget insuffisant pour faire fonctionner l’université ; à Rouen, la rentrée est retardée de plusieurs semaines, notamment en Sciences, car le budget n’est pas assez suffisant. Une campagne d’information est lancée par les organisations syndicales. Une première AG est convoquée le jeudi 13 octobre 2005, elle réunit une soixantaine d’étudiants. Les problèmes de logement, de budget et des note-taquets sont traités. Une nouvelle AG est convoquée pour le mardi 25 octobre. Il y’a près de 400 étudiants en amphi Daure, un comité de lutte est créé. Il est aussi décidé de faire des AG par UFR afin de sensibiliser les étudiants filière par filière.
Une nouvelle AG a lieu le jeudi 27 octobre. Pour éviter les problèmes, la présidente de l’université vient en AG, devant 200 personnes, pour défendre le système des note-taquets et le budget, elle propose même une réunion ouverte avec la direction de l’université sur ces sujets aux étudiants. Le vendredi 28 octobre, les étudiants apprennent par voie d’affichage que la réunion promise par la présidente est reportée ultérieurement. Furieux, les étudiants décident de demander des comptes à la présidente lors du conseil d’administration qui soit se tenir dans l’après midi. A 15h, c’est plus d’une centaine d’étudiants qui envahissent la salle du conseil. La police, en civil, traine sur le campus ainsi que dans la salle attenante à la salle du conseil. De vives discussions s’engagent entre étudiants et la direction de l’université, la présidente refusant de débuter la séance tant que les étudiants ne seraient pas sortis. Finalement, elle prend la décision unilatérale de reporter le conseil d’administration. La tension est à son comble ! La semaine suivante, les élus étudiants apprennent que le conseil est reconvoqué, pour la première fois de son histoire, en dehors des murs de l’université. Il est prévu de se tenir dans l’abbaye d’Ardennes, en périphérie de la ville ; un lieu non desservi par les transports en commun et difficile d’accès...
Le mercredi 9 novembre, se tient le conseil d’administration du CROUS. L’AG de la veille a décidé d’un rassemblement devant le bâtiment administratif où se tient la séance. Des cartons, symbolisant les logements du CROUS, sont déposés devant l’entrée. Une petite cinquantaine d’étudiants rentrent dans le bâtiment et s’installe dans la petite salle du conseil. Le recteur d’académie2, prévenu de cette présence, arrive très énervé. Des discussions s’engagent avec lui, il essaye tant bien que mal de se défendre, notamment sur le manque de place pour les étudiants étrangers. Comme la présidente de l’université, il décide de reporter la séance du conseil arguant le fait que la séance n’est pas publique et que les étudiants refusent de sortir. Les manifestants restent quelques temps dans le bâtiment car le directeur du CROUS veut bien prendre des dossiers qu’il avait auparavant refusés pour les réexaminer.
Le jeudi 10 novembre, une petite cinquantaine d’étudiants se réunit sous la galerie vitrée pour rejoindre l’abbaye d’Ardennes. Les élus étudiants FSE et Sud partent en voiture en avance pour repérer le dispositif d’accueil. Celui-ci est conséquent : la section d’intervention de Caen de la police nationale, la BAC, les RG, l’identification judiciaire sont présents. L’accès à l’abbaye n’est autorisé qu’aux membres du conseil munis de leur convocation. Les autres étudiants prennent un bus qui les dépose dans un quartier périphérique. Puis ils sont obligés de marcher 20 minutes à travers une zone industrielle puis la rase campagne pour arriver aux abords de l’abbaye. Le cortège prend la route d’accès principal au cri de « démocratie à l’université ». Il est ralenti par un cordon de policiers qui les laisse quand même avancer d’une cinquantaine de mètres puis les bloque. Les différents membres du conseil arrivent au compte goutte. Certains, voyant le cordon de police, décident de ne pas siéger. Une conseillère, connue comme étant une fidèle supportrice de la présidente, tente de passer entre les étudiants, ces derniers la retiennent sans violence. Elle commence à s’énerver. La police décide alors de repousser les étudiants ; quelques coups de matraques et de genoux sont donnés. Les étudiants reculent de plusieurs mètres. Malgré le filtrage, le quorum pour le conseil est atteint et il peut se tenir3…jusqu’au point financier où des élus IATOSS quittent la salle, empêchant ainsi de procéder au vote du principal point de l’ordre du jour ! Après quelques invectives avec un vice-président de l’université, la plupart des étudiants rentrent sur le campus.
Le mercredi 16 novembre, une nouvelle AG se tient en amphi Daure mais la mobilisation est à la baisse, plusieurs personnes ont été dégoutées par ce qu’elles ont vécu à l’abbaye d’Ardennes. Il est néanmoins décidé d’envoyer des mandatés à une réunion nationale convoquée le dimanche 20 à Rouen pour parler des mobilisations possibles. Le lundi 21 novembre, le conseil d’administration du CROUS est convoqué à 8h du matin ! L’heure a été choisie pour éviter qu’il y ait beaucoup d’étudiants. Et cela marche car, mis à part les élus étudiants, il y a peu de monde…excepté la police qui est encore mobilisée pour « sécuriser » le bâtiment. Les élus étudiants sont d’ailleurs obligés de justifier de leur qualité pour pouvoir entrer dans le bâtiment !
C’est donc dans ce contexte de luttes collectives, de liens tissés mais aussi de répression que la lutte contre le CPE va débuter sur l’université de Caen.
Tout a commencé à Caen avec la venue du ministre délégué à l'enseignement François Goulard le lundi 23 janvier. Celui-ci est venu présenter le futur pôle de recherche et d'enseignement supérieur (PRES) de Caen4. Pendant le rassemblement prévu pour l'accueillir, des militants syndicaux discutent du projet de Villepin (loi sur l'égalité des chances dont le CPE), annoncé la semaine précédente (le 16 janvier). Au bout du compte, la FSE, l'UNEF, Sud Etudiant et Attac Université convoquent une réunion, pour le lendemain, avec des organisations politiques de jeunesse mais aussi avec des comités de jeunes au sein de syndicat interprofessionnel afin de préparer une riposte. Un premier tract au format A5 est rédigé5, il explique les dangers du CPE et appelle les étudiants à se mobiliser lors d'une manifestation le mardi 31 janvier, une journée de mobilisation nationale lancée par la CGT pour la défense du pouvoir d’achat. Le tract est distribué sur les campus ainsi que dans les cités U et sur certains marchés. Les organisations étudiantes et de jeunesse se rencontrent une nouvelle fois le vendredi 27 à la maison des syndicats dans les locaux de la CGT afin de préparer les détails de la manif (un camion sono est dans un premier temps proposé mais faute de coordination, il ne sera pas utilisé). Le jour venu, il y a une petite cinquantaine d'étudiants à descendre du campus 1 vers la place du théâtre, essentiellement des étudiants faisant partie d'organisations. Au total, il y a environ 1 500 personnes dont pas mal de jeunes (les lycéens ont été aussi conviés via l'UNL et les MJS). A l'issue de cette manifestation, une première AG se tient à l'université mais rien de concret n'en ressort. Il y a juste un appel à participation à la journée d'action des fonctionnaires du jeudi suivant et la convocation d'une nouvelle AG pour la semaine suivante.
Le jeudi 2 février, quelques étudiants, pour la plupart organisés, se joignent à la journée de mobilisation des fonctionnaires, la manif rassemble 1 500 personnes. A l'issue de celle-ci, une AG se tient sur le campus 1. Il est décidé de créer un collectif contre la précarité afin d'élargir les revendications aux autres formes de précarité (les contrats précaires tels que le RMA, le CNE, etc.).
Le mardi 7 février, le collectif national Stop-CPE appelle à une journée d'action nationale. A l'université, une AG se tient à 13h30 en amphi Vial. Celle-ci se passe mal car toutes les organisations ne jouent pas le jeu du collectif : l'ordre du jour proposé est détourné pour permettre à une organisation de faire "ce qu'elle avait prévu de faire" (débrayer les amphis avec l'aide des lycéens). Après plusieurs minutes de palabres et d'engueulades, le principe d'un tract est malgré tout voté. C'est à ce moment que les militants et sympathisants de cette organisation quittent l'amphi. Du coup, le travail pour le tract n'a pas été distribué (rédaction, tirage), la question de la trésorerie du collectif a été mise de côté. Néanmoins, la mobilisation côté étudiant commence timidement à payer, plus d’une centaine de personnes se dirigent en cortège vers la place du théâtre. La manifestation est un succès puisque 7 000 personnes défilent à partir de 16h. A l'issue de la manif, une nouvelle AG se tient sur la fac pour décider des suites de la mobilisation.
Il y a alors sur l'université deux collectifs (anti-CPE et contre la précarité) avec deux logiques différentes: le premier garde pour revendication principale le retrait du CPE et se base sur les organisations, le second veut s'attaquer à toutes les formes de précarité et prône l'auto-organisation de la lutte. Progressivement, des organisations délaissent le premier collectif pour s'investir dans le second, plus ouvert aux étudiants et lycéens non organisés mais aussi aux chômeurs et précaires qui sont concernés. Le mardi 14 février, une nouvelle AG du collectif contre la précarité rassemble 150 personnes en amphi Vial, un comité de lutte est constitué. Celui-ci est chargé de rédiger de nouveaux tracts et de proposer des actions afin de sensibiliser un plus grand nombre d'étudiants. La différence de fonctionnement entre les deux collectifs se fait de plus en plus ressentir: le jeudi 16 février, une AG se tient en amphi Chimie. Elle est très houleuse, les tenants d'une logique d'organisations font tout pour freiner l'élargissement des revendications, de l'autre côté, on évite toute tentative de récupération politique. Les invectives fusent des deux côtés, le spectacle fait pitié à voir...
Le week-end du 18 février, une première coordination étudiante se réunit à Rennes, le comité de lutte décide de mandater deux observateurs. Comme à l'habitude, les coordinations sont une foire d'empoigne, un terrain de jeux entre différentes organisations : plusieurs mandatés font passer leur appartenance politique ou syndicale avant le mandat défini par leurs AGs respectives. Caen enverra systématiquement des mandatés aux différentes coordinations nationales jusqu'au moment où celles-ci ne seront plus d'aucune utilité (définition de mots d'ordre nationaux, journées d'action commune, etc.).
Le mardi 21 février, après une AG tenue en amphi D2, plusieurs amphis de l'université sont renommés : l’amphi Poincaré devient "amphi -poin..ter au chômage", Aula Magna devient "aula RMA", "annexe droit du travail". Cette action s'inscrit dans une logique de dynamisation de la lutte afin de la rendre plus visible auprès des étudiants et ainsi les inciter à se mobiliser. La direction de l'université n'apprécie pas la nouvelle décoration et les pancartes sont enlevées le jour suivant.
Afin de monter d’un cran dans la mobilisation, le comité de lutte propose une nouvelle forme de sensibilisation : les barrages filtrants. Le jeudi 23 février, dès 7h30, le bâtiment Lettres est bloqué sauf une entrée. Ce filtrage permet de distribuer des tracts, notamment un tableau comparatif entre les différents contrats de travail existants, ce qui permet d’expliquer concrètement les désavantages du CPE et du CNE. L'accueil est plutôt bon auprès des étudiants mais aussi du personnel de l'université. Il est proposé aux étudiants des croissants, une caisse solidaire est mise en place pour financer les tracts. Plus tard dans la matinée, une AG se tient en amphi D2 et rassemble qu'une petite centaine de personnes. L'opposition entre partisans de l'auto-organisation et les autres est toujours aussi forte, une partie des débats est d'ailleurs consacrée à ce problème. Les étudiants qui viennent pour la première fois en AG en ressortent plus ou moins dégoutés... L'après midi, après un pique-nique sur l'esplanade de la mairie, un cortège de 250 personnes part en ville pour repeindre les vitrines des "marchands de précarité" (agences immobilière, banques, agences d'intérim, etc.). Cette action coup de poing remotive les troupes et augure de nouvelles perspectives de lutte. Le lundi 27 février, un débat sur la précarité est organisé en amphi Vial à l'initiative du collectif contre la précarité. De nombreux témoignages sont recueillis, ils serviront pour de futurs tracts...
Pour l'université de Caen, c'est le temps des vacances alors que, partout en France, la lutte monte en puissance et que plusieurs facs sont déjà bloquées. Malgré cela, le comité de lutte prépare activement la "rentrée". Le mardi 28 février, une trentaine de personnes se rassemblent devant le phénix afin de partir en action, la police est présente aux abords. Après avoir posé pour Ouest France, ils décident quand même de partir en cortège. Le défilé est très court puisque il finit dans l'arrière salle d'un bar en bas du Gaillon sous les yeux intrigués des RG!
Durant le week-end du 4/5 mars, se tient à Paris (dans des locaux attenants à Jussieu) la troisième coordination nationale, l'AG décide pour la première fois d'envoyer 2 mandatés. L'entrée dans la salle de Jussieu est difficile, une organisation étudiante essaye par tous les moyens de faire invalider des mandatés dont ceux de Caen. Il faudra plusieurs coups de fil à des membres d'autres organisations pour que tout rentre dans l'ordre. Les débats sont très houleux, ils s'éternisent dans la nuit parisienne. Au bout du compte, un appel à la grève reconductible des étudiants à partir du mardi 7 mars contre le CPE, le CNE, et la baisse des postes aux CAPES est décidé.
Le mardi 7 mars, les vacances sont terminées, en plein FSUC6, près de 8 000 personnes défilent à Caen sous la pluie. Les étudiants sont partis du calvaire Saint Pierre à 13h30 (afin d'appeler les lycéens de Victor Hugo à nous rejoindre) pour ensuite passer par la fac et ainsi rejoindre le cortège interprofessionnel place du théâtre. Une AG avec pas mal de lycéens se tient à l'issue de la manifestation dans l'amphi Copernic. Pendant les débats, les chiffres des autres manifs à travers la France sont écrits sur le grand tableau sous les applaudissements des participants. De cette AG, ressort, pour la première fois, le principe d'une occupation des bâtiments mais la décision est finalement reportée à l'AG suivante, le temps de la préparer. Des contacts sont aussi établis avec des lycéens extérieurs à Caen (Dives sur Mer, Saint Pierre sur Dives, etc..) motivés pour se bouger.
Afin de franchir une nouvelle étape dans la mobilisation, l'AG en amphi De Bouärd du mercredi 8 vote l'occupation du bâtiment Lettres avec mise en application immédiate. Ce sont une cinquantaine d'étudiants et de précaires qui y participent. Le blocage est sommaire avec des tables, des chaises et tout ce qui peut servir à bloquer des portes. En solidarité, un groupe qui jouait pour le FSUC accepte de pousser la chansonnette une dernière fois dans le hall du bâtiment. Les premiers étudiants rapportent matelas et autres matériels pour dormir. Au même moment, dans le cadre du FSUC, une soirée sur l'agriculture a lieu en amphi Daure, un officier des Renseignements Généraux, s'y trouvant car intéressé par le sujet, demande aux organisateurs du forum comment se passe l'occupation! L’information a très vite circulée ! Le lendemain, le jeudi 9, c'est au tour du bâtiment Inscription d'être occupé après une AG qui a rassemblé 200 personnes. La vie en communauté s'organise entre les deux bâtiments; les affinités se créent. Rapidement, du matériel est apporté par des étudiants mais aussi des sympathisants; de l'argent est aussi récolté. Dès le vendredi 10 mars, quelques personnes tentent d'entrer dans le bâtiment Inscription mais les barricades tiennent bon! A cette occasion, celles-ci sont renforcées afin de tenir face à de nouvelles tentatives de déblocage. Le week-end se passe sans gros problème, des salariés passent "visiter" les bâtiments et apportent soutien moral, matériel et parfois financier.
La semaine suivante, le lundi 13 mars, en début d’après midi, une AG rassemble 700 étudiants dans l'amphi Tocqueville, celui-ci est plein à craquer. On note la présence des premiers anti-bloqueurs. Les participants ont peur que la grève et le blocage ne soient pas reconduits, pourtant, il n'y aura qu'une quarantaine de personnes à s'opposer à ces votes. Dans l'euphorie, le principe de l'occupation des bâtiments Sciences et Droit est voté, le bâtiment Sciences est occupé dans la soirée. Le mardi 14, une AG se tient en amphi Daure, l'amphi historique des grands mouvements, avec 1 200 personnes. La grève et le blocage sont votés malgré la présence de plus en plus nombreuse d’anti-bloqueurs. Après l'AG, 200 étudiants rejoignent les lycéens qui bloquaient le péricentre et qui étaient de plus en plus menacés par la police qui commençait à se rassembler non loin de là. Une manif sauvage est ensuite organisée en ville, celle-ci se termine par un face à face tendu avec les forces de l'ordre devant la préfecture (la grande porte bleue étant ouverte, certains ont tenté de s'introduire dans la préfecture). Au même moment, les étudiants du campus 3 votent la grève et bloquent leur bâtiment principal. Le campus 3 est, depuis le mouvement LMD de 2003, un campus qui se bouge assez facilement lors des grands mouvements.
Le soir, une réunion a lieu dans le local d'un mouvement politique. Un collectif d'organisations politiques et syndicales est monté, des étudiants sont présents à cette réunion afin d'évoquer nos revendications (CPE, LEC, CNE, RMA...). Ce collectif "adulte" tentera tant bien que mal de faire le lien entre salariés et étudiants/lycéens.
Le mercredi 15 mars, la présidente de l'université ainsi que le préfet de région, la présidente du conseil général et le maire d'Ifs doivent inaugurer un nouveau bâtiment (réseaux et télécommunications) sur le campus 3. Afin de la perturber, des étudiants se sont allongés juste devant le bâtiment pour que les élus les enjambent symboliquement. Apprenant l'accueil qui était réservé aux élus, la décision d'annuler la cérémonie est prise (la présidence? la préfecture?)!
Le jeudi 16 mars, dans le cadre d'une journée nationale d'action, plusieurs milliers d'étudiants et de lycéens défilent dans Caen. Le cortège étudiant/lycéen part du phénix pour bloquer symboliquement l'ANPE la plus proche de l'université (située non loin du conseil régional) Or, nous sommes un jeudi après midi et les ANPE sont fermées les jeudis après midi... Puis ils repartent vers le centre-ville. Arrivé à l'intersection de la rue de Bernières et de la rue Saint Jean, le cortège syndical parti peu avant de la place du théâtre est pris de vitesse et dépassé. Dans la soirée, le bâtiment Droit est occupé (bâtiment à haute valeur symbolique!). Le vendredi 17 mars débute le blocage du campus 2 avec les bâtiments Sciences 1 et 3; des tensions apparaissent avec les étudiants de pharmacie qui veulent absolument avoir cours dans sur ce campus. Finalement, un compromis est trouvé entre étudiants pour permettre à ceux qui passent des concours d'accéder aux amphis (pharma, CAPES). Le samedi 18, à l'appel des organisations de salariés, 12 000 personnes défilent à Caen. Quelques boules de peinture rouge sont lancées contre des banques, agences d'intérim, agences immobilières. Des étudiants du campus 3 déballent une grande banderole sur les murs du château demandant la démission de Villepin.
Afin de réellement s'approprier les bâtiments, un groupe d'occupants décide d'utiliser le mât de la galerie vitrée pour y accrocher un drapeau pirate. Celui-ci flotte toute la journée du dimanche 19 mars, la direction de l'université le faisant enlever dès le lendemain, mécontente du symbole qu'il représentait.
Le lundi 20 mars, le campus 2 rejoint entièrement la lutte avec le blocage des IUT, une AG rassemble plus de 400 personnes dans l'amphi 500. L'après midi, 400 personnes partent en action du campus 1 à l'issue d'une AG et occupent le centre des impôts du péricentre. L'accueil des salariés est plutôt chaleureux, des syndicalistes maisons viennent à la rencontre et apportent leur soutien. Une photocopieuse fait les frais du passage ! Sur les coups de 18h, les manifestants reviennent sur le campus. La police est présente mais se fait discrète.
Le mouvement fonctionnant en commission, la commission action est chargée de préparer les actions votées lors des AG (une liste a été votée en début de mouvement). La plupart du temps, il s'agit d'occupation de lieux symboliques. Le mardi 21 mars, après une AG importante (plus de 1 000 personnes), un cortège de 400/500 personnes part en action...vers la gare SNCF. Le cortège l'aborde en passant par le parcotrain, les voies sont envahies à partir de 15h. L'occupation des voies se passent dans la bonne humeur : certains jouent aux cartes, d'autres expliquent notre présence aux voyageurs. A plusieurs reprises, des responsables de la gare puis de la préfecture demandent la libération les voies, ce qui est refusée systématiquement. Vers 17h30, des renforts de police et de gendarmerie arrivent. Il est décidé de se rassembler afin de former un groupe compact et soudé (technique anti-évacuation). A 18h, après un dernier appel à la libération des voies lancé par le directeur de cabinet du préfet, les forces de l'ordre délogent les manifestants sans grande violence (sauf la pression des boucliers et quelques coups de matraques bien placés). A 18h30, une fois délogés, le cortège repart vers l'université. Le même jour, sur le campus 3, les étudiants de l'IUT enterrent symboliquement le code du travail. Le mercredi 22 mars, le collectif Calvados contre la précarité7 organise un meeting anti-CPE au centre des congrès. Des étudiants s'y rendent pour porter les revendications. Il y a beaucoup de monde. Une quête rapporte près de 200€.
Les anti-bloqueurs ont eu le temps de s'organiser et de préparer leurs opérations, ils décident de passer à l'offensive le jeudi 23 mars. Alors qu'une AG se tient en amphi Daure (1 200 personnes), un groupe d'anti-bloqueurs parvient à reprendre le bâtiment Droit en cassant une porte. Prévenus de ce qui se passe, plusieurs militants se dirigent vers le bâtiment Droit afin de le protéger mais ils arrivent trop tard. Quelques membres de la direction de l'université tentent d'apaiser les tensions au sein du bâtiment : de vives discussions ont lieu entre bloqueurs et anti-bloqueurs. La police est aussi présente avec un jeune agent des renseignements généraux habillé en étudiant. Certains anti-bloqueurs en profitent pour volontairement arracher des câbles, affiches et extincteurs...qu'ils attribuent ensuite aux bloqueurs ! L'après midi, les étudiants partent du phénix pour défiler en ville. Ils s’arrêtent au niveau de l'Orne où le cortège est divisé afin d'occuper les 4 ponts sur l'Orne, bloquant ainsi le passage entre les deux rives de Caen. L'occupation dure près de 2 heures dans la bonne humeur avec un groupe de samba brésilienne qui déambule de pont en pont. La police est garée au niveau du parcotrain, pensant que la gare allait être occupé, mais elle n'ose pointer son nez qu'une fois, près du pont de Bir Hakeim (un fourgon arrive puis repart vu le nombre de manifestants présents sur le pont). Le cortège repart ensuite jusqu'à l'université...mais arrivés sur le port, il prend la direction du local de l'UMP situé non loin. Des éclaireurs avaient été envoyés pour voir si celui-ci n'était pas protégé par la police. Une course contre la montre est lancée avec la police pour arriver les premiers sur les lieux. Les manifestants empruntent des petites rues pour y parvenir et la tête du cortège se retrouve nez à nez avec une voiture de police banalisée qui déboule en sens inverse rue Vauquelin. Ils ont le réflexe de mettre la banderole de tête juste devant la voiture, empêchant ainsi aux policiers de prendre des photos des "décorateurs" et autres "peintres en bâtiment". Le local est redécoré (peintures, affiches...), certains soulagent même une envie pressante sur les murs! Une partie de l'enseigne UMP est embarquée et laisse apparaître les mots "Rassemblement pour"! De retour sur le campus 1, le bâtiment Droit est repris. Il y a, à ce moment, plus de 500 personnes à revenir sur le campus au cri de « grève, blocage, occupation jusqu’au retrait du CPE ! » Cela effraye les anti-bloqueurs qui étaient restés en petit nombre pour garder "leur bâtiment"! Le bâtiment Droit n’a été débloqué que quelques heures.
Le même jour que ces événements, un référendum est organisé sur tous les sites universitaires. Il y a deux questions: pour ou contre le CPE et pour ou contre le blocage. Dès le départ, les bloqueurs savent que ce référendum est bidon car réalisé dans des conditions difficiles et à la va-vite. Il n'y a aucun isoloir, pas de liste d'émargement non plus. Pourtant, le lundi précédent (le 20), la direction de l'université avait réuni l'ensemble des élus étudiants des conseils centraux pour discuter de l'organisation de ce référendum. Il a été plusieurs fois évoqué les problèmes qui allaient avoir (isoloir, liste d'émargement) mais la direction répondait systématiquement qu'elle ne pouvait pas faire autrement "étant donné les circonstances". Beaucoup de bloqueurs décident de boycotter ce scrutin. De nombreuses irrégularités sont constatés par les bloqueurs dans différents "bureaux de vote" (étudiant votant plusieurs fois, complicité des directeurs d’UFR...).
Dans la nuit du 23 au 24 mars, une cinquantaine d'anti-bloqueurs se rassemble près de l'amphi Tocqueville9. Ils tentent de pénétrer dans le bâtiment Droit par la force en passant par les fenêtres. Les occupants réussissent à les repousser. Prévenue de cet incident, une partie de la direction de l'université débarque vers 2 heures du matin. Craignant des incidents plus graves, la présidente de l'université demande au préfet des renforts de police autour du campus. Ces renforts font finalement fuir les derniers anti-bloqueurs. Ensuite, la présidente se dédouane et confie ses pouvoirs de police9 directement au préfet.
Le vendredi 24 mars se tient le conseil d'administration de l'université, la tension est palpable à l'entrée de la salle du conseil. Aux conseillers qui siègent habituellement, la présidente a invité les directeurs d'UFR et de laboratoires à assister et à participer aux discussions. C'est un parti pris, la plupart de ces "invités" sont opposés au blocage. La présidente ouvre la séance par un point sur le référendum du mercredi précédent, elle déclare avoir seulement aidée les étudiants à l'organiser car c'était une demande de l'AG. Elle ajoute aussi que celui-ci n'avait « aucune valeur légale » et donc le fait de contester la légalité du déroulement était absurde. Ensuite, plusieurs membres du conseil s'en prennent aux bloqueurs, ils répètent en conseil les rumeurs qui circulent depuis quelques semaines sur les campus (alcoolisme des bloqueurs, présence de mineurs, accueil de SDF avec leurs chiens dans les locaux). Les élus FSE sont obligés de répliquer à chaque accusation. A la fin du conseil, une motion est votée10, elle est approuvée par 27 voix, 2 abstentions, 13 contre et 8 refus de vote. A l'issu du vote, la présidente déclare "il y a ici dans ce conseil 15 personnes qui sont contre la sécurité sur le campus" (sic) ; cela fait un tollé au sein du conseil. Elle annonce alors que sa dernière remarque ne sera pas inscrite au procès verbal…mais qu’elle n’en pense pas moins.
Le lundi 27 mars, après une nouvelle AG, un rendez vous est fixé devant le phénix pour partir en action. Juste avant le départ, des motards de la police municipale remontent à toute vitesse la voie de tram et s’arrêtent devant un tram à l’arrêt université. Les manifestants restent circonspects quelques secondes puis commencent à faire du bruit. Les motards, qui étaient à la recherche d’une personne dans le tram, repartent rapidement de peur de se faire encercler. Tous les manifestants prennent d’assaut les trams direction Hérouville Saint Clair. Au terminus, tout le monde est dirigé vers la direction régionale du travail qui se trouve en face. Celle ci est occupée par près de 200 personnes. Comme au centre des impôts, des discussions avec le personnel s'entament, on parle de la précarité des jobs étudiants, des conditions de travail. Vers 18h30, Les forces de l'ordre, présentes depuis plus d'une heure, passent par l'arrière du bâtiment. Tout le monde se regroupe à l'intérieur et il est décidé collectivement de se faire évacuer pacifiquement. Les participants s’assoient en s’accrochant les uns aux autres pour ralentir l'évacuation. Celle-ci se passe finalement dans le calme même si certains policiers prennent un malin plaisir à les trainer par terre. Une fois que tout le monde a été sorti, un groupe compact est formé face à une rangée de policiers et gendarmes. Il est décidé d'en rester là et de repartir vers les bâtiments. Au retour, nous défilons dans le quartier populaire de la Pierre Heuzé avec les motos de la police qui ont du mal à nous suivre.
Dans la nuit du 27 au 28 mars, les étudiants des beaux-arts rhabillent le phénix en l'emballant, un peu à la manière de Christo. Cette œuvre éphémère ne résiste pas aux nombreux coups de ciseaux...puis aux coups de pinceaux.
Les organisations syndicales professionnelles, sentant que la contestation estudiantine peut faire plier le gouvernement, appellent désormais les salariés à la grève. Le mardi 28 mars, près de 25 000 personnes défilent le matin à partir de la place Saint Pierre. Une grande banderole "les étudiants ne lâcheront pas, non au CPE" est déployée sur un mur du château. Le cortège étudiant part du phénix pour rejoindre la place Saint Pierre, l'arrivée se fait sous les applaudissements. Mais le cortège étudiant tente de prendre place en tête du cortège interprofessionnel. Plusieurs responsables syndicaux s'y opposent, des invectives sont lancés des deux côtés; on est à deux doigts d'en venir aux mains! Finalement, une partie du cortège étudiant arrive à se placer devant les camions sono syndicaux mais derrière un service d'ordre composé de syndicalistes pro...et étudiant! Les tensions sont toujours vivent durant le défilé, le "service d'ordre" a peur de débordements d'"éléments perturbateurs". Arrivé près de la tour Leroy, le cortège étudiant décide de faire faux bond au service d'ordre et coupe le trajet via l'arrêt de tram pour rejoindre plus rapidement la préfecture. Le service d'ordre réagit immédiatement en se repositionnant devant les étudiants, les tensions sont toujours aussi fortes. Peu après, le service d'ordre syndical fait retirer les tables et chaises d'un café, de peur que ceux-ci servent de projectiles! Le cortège "officiel" se termine devant la préfecture tandis que les étudiants, accompagnés de salariés, continuent vers la mairie pour ensuite remonter vers le campus 1.
L'après midi, les étudiants appellent à une action à 15h au phénix, près de 6 000 personnes nous rejoignent (sûrement emballée par le dynamisme du cortège étudiant du matin)! Le cortège se dirige vers la mairie, au niveau du boulevard Bertrand, après le rond-point de la mairie, celui-ci se scinde en deux: une partie part vers la rue de Bras et l'autre poursuit son chemin vers la préfecture. Les deux cortèges se rejoignent devant la préfecture. Le matériel accumulé durant la manifestation (poubelles, cartons, barrières) est déposé symbolique devant la grande porte bleue. Un groupe de policier est envoyé retirer cet amas, il se fait vite entouré et copieusement chahuté. N'arrivant plus à sortir, les gendarmes mobiles arrivent en renfort mais les étudiants les en empêchent. La tension monte et les gendarmes mobiles envoient les premières grenades lacrymogènes. Il faut plusieurs salves de lacrymo pour mettre à distance les manifestants. Malgré cela, il y a quelques milliers de personnes à rester devant la préfecture face aux gendarmes mobiles et policiers. Un étudiant est interpellé car il avait escaladé un mur de la préfecture. Les manifestants décident de rester jusqu'à ce qu'il soit libéré. Il est finalement relâché vers 17h. Une AG est prévue à 17h30 sur l'université, la plupart des étudiants et lycéens repartent vers la fac. Il ne reste qu'une centaine de personnes qui sont repoussées vers la place du théâtre aux alentours de 18h30.
Le jeudi 30 mars, les anti-bloqueurs organisent un rassemblement devant la cafétéria la parenthèse sur le campus 1. Ils sont à peine 350; côté occupants, une petite centaine de personnes arrivent avec des couteaux en plastique entre les dents11. Un faux Jacques Chirac fait un discours très second degré que les anti-bloqueurs n'apprécient pas du tout. Une chanson, concoctée la veille lors d'une soirée bien arrosée sur l'air de Bioman, est chantée en hommage aux "débloqueurs", ceux-ci n'ont visiblement pas d'humour. Les anti-bloqueurs partent ensuite en cortège vers la préfecture, leur nombre diminue plus ils approchent du but! Ils sont reçus en délégation par le directeur de cabinet du préfet qui leur annonce qui ne tentera pas de débloquer les bâtiments en utilisant les forces de l'ordre. Déçus par l'attitude du préfet, ils décident eux-mêmes de tenter de reprendre les bâtiments. Ils sont à peine une centaine à remonter sur le campus 1. Des bloqueurs qui les avaient suivis préviennent les occupants. Arrivés sur la fac, ils décident de reprendre en priorité le bâtiment Droit. Ils passent par l’arrière du bâtiment et tentent d’ouvrir une porte qu’ils avaient repérée comme mal protégée. Rapidement, des bloqueurs du bâtiment Droit ainsi que d’autres bâtiments se postent devant cette porte et arrivent à les repousser avec l’aide d’une lance-incendie placée juste au dessus de la porte. Ils tentent ensuite de passer par l'amphi 2000 mais sans succès non plus. A cette occasion, le secrétaire général adjoint, Marc Desmoulins, constate les dégâts causés par ces tentatives d'intrusions. Des professeurs et du personnel IATOS sont aussi témoins de ces actions violentes et interviennent parfois pour éviter que cela dégénère en pugilat, ils tentent d’apaiser au maximum les tensions. Les agents ERP12 de la fac sont aussi présents.
L'après midi, les enseignants du secondaire appellent à un rassemblement au rectorat à 14h30. Il y a 250 personnes mais les portes sont fermées et gardées par un demi-escadron de gendarmes mobiles. Ces forces ont été massées car la préfecture pensait que les étudiants allaient rejoindre les enseignants du secondaire. Cela permet en tout cas de fixer les forces de l’ordre à un endroit opposé à l’action prévue. A l'autre bout de Caen, les étudiants et lycéens décident d'occuper le périphérique nord au niveau du CHU. Un petit groupe descend du campus 2 tandis que des voitures d'étudiants ralentissent le trafic sur le périf. L'occupation dure plusieurs heures jusqu'à ce que les gendarmes mobiles arrivent. Avec les policiers, ils sont chargés d’évacuer les participants, pas mal de lacrymo sont lancées. Il leur faudra plusieurs charges pour les repousser en dehors du périf. Des manifestants ont été malheureusement interpellés à cette occasion.
Dans la nuit du 31 mars au 1er avril, vers 1 heure du matin, des étudiants redonnent des couleurs à ce cher phénix, il est désormais tout rouge!
Dans la nuit du 1er au 2 avril, une personne tente de mettre le feu au bâtiment Lettres vers 4h. Une porte d'évacuation est aspergée d'un liquide inflammable. Les occupants arrivent à le maîtriser avant l'arrivée des pompiers. La fumée s'est propagée dans l'amphi Copernic, endroit où les occupants dormaient. C'est par hasard, lorsqu'un occupant est parti se coucher, que l'alerte a été donnée. Malgré sa rénovation précédente, l'amphi n'est pas équipé de détecteurs de fumée! Le bilan aurait pu être tragique... Nicole Le Querler et une partie de la direction de l’université vient constater les dégâts au petit matin. Certains agents de l’université en profitent pour « repérer » les systèmes de blocage. Les occupants sont obligés de leur interdire l’accès à certains endroits.
Le lundi 3 avril, un membre du gouvernement est annoncé à Caen, plusieurs mails de salariés préviennent les étudiants de la venue de Renaud Dutreil, ministre des PME, du Commerce, de l'Artisanat et des Professions libérales. Il avait été décidé ce jour là de seulement redécorer des agence d’intérim en centre ville. Après une AG, le cortège s’ébranle en direction du centre ville puis, finalement, fait un petit tour par le centre des congrès où se tient les assisses régionales de l’artisanat. Celles-ci sont protégées par la police nationale aidée d’un escadron de gendarmes mobiles. Le cortège reste quelques minutes en gueulant des slogans puis repart en ville. Sur le parcours, chaque agence immobilière, chaque agence d’intérim est soigneusement redécorée ; celles de la place de la Résistance sont même symboliquement bloquées avec des poubelles. Le siège du journal Liberté de Normandie fait aussi les frais du passage. Les manifestants repartent ensuite vers le campus en faisant attention à la BAC qui rode autour du cortège.
Le mardi 4 avril, les syndicats pro appellent à une nouvelle journée d'action nationale. Le cortège caennais est toujours aussi impressionnant (environ 35 000 manifestants!). Les étudiants font une entrée remarquée car la tête de cortège est composée d'étudiants en sous vêtements qui crient "grève générale où on sera tous à poil"! L'idée est venue la nuit précédente où un défilé semblable a eu lieu dans les bâtiments... La manifestation se termine devant la mairie où une AG se tient dans de mauvaises conditions (problème de sono notamment). Pas mal de salariés pique-niquent avec les étudiants en attendant l'action prévue l'après midi.
Vers 15h, un cortège de 3 500 personnes quittent la place de la mairie. Il passe devant la préfecture où l'escadron de gendarmes mobiles a pris position puis il se dirige au pas de course vers le conseil régional qui est rapidement occupé. Les manifestants s’installent dans les jardins du conseil régional, la banderole de tête est hissée sur les mats à la place des drapeaux français et normand. Après 45 minutes, le cortège repart en direction du périphérique par l'avenue Clémenceau. Problème : l'accès est barré par les gendarmes mobiles. Le cortège se sépare en deux et une partie part vers le centre commercial et le viaduc de Calix via des petites rues. Le premier groupe qui fait face aux gendarmes mobiles est composé de pas mal de lycéens. Ca chambre avec les forces de l'ordre mais rien de bien méchant. Par contre, pour le deuxième groupe, c'est plus tendu. Les policiers sont plus nerveux et utilisent des grenades lacrymogènes pour disperser les jeunes... Une majeure partie du groupe passe sous le viaduc de Calix pour accéder au périf via un talus. Des policiers les repoussent à coup de lacrymo et quelques coups de matraques. Les étudiants et lycéens se regroupent près d'un petit bois et repartent à l'assaut du talus. Pierres et lacrymos pleuvent des deux côtés. Les manifestants commencent à prendre pied sur le talus mais la lacrymo fait des dégâts; les plus téméraires vont presque au contact avec les policiers. On voit clairement que les forces de l’ordre sont dépassées par les événements et qu’ils ont du mal à canaliser la fougue des manifestants. Progressivement, les mouvements de foule aidant, le talus est occupé mais l'accès au périf est toujours bloqué de ce côté ci. Un petit groupe décide alors de passer à travers les résidences pavillonnaires pour prendre une bretelle de sortie du périf vers la 4 voies de Ouistreham. Cette prise à revers fonctionne à merveille car les policiers se retrouvent rapidement encerclés par deux groupes inégaux. Ils décident de se replier vers le rond point...défendu par les gendarmes mobiles (qui font face au premier groupe de manifestants resté avenue Clémenceau)! Malgré les 350 lacrymos utilisées ce jour là et près de 2 heures d'affrontements avec les policiers, les manifestants occupent l'entrée du viaduc de Calix côté Cherbourg. Certains en profitent pour poser devant le radar automatique! Les affrontements continuent et plusieurs jeunes sont interpellés violemment par la police. Vers 18h30, il est décidé de faire partir tout le monde vers la fac pour limiter les dégâts. C'est seulement vers 19h30 que les derniers militants arrivent sur l'université. Tout le monde est fatigué. On avait plus vu de tels affrontements depuis 25 ans sur Caen!13
La mobilisation prend parfois des formes inhabituelles. Dans la nuit du 5 au 6 avril, un groupe d'étudiant, organise une manifestation de nains de jardin sur le rond point côte de Nacre. Une trentaine de nains sont disposés à côté de banderoles "Les nains luttent aussi contre le CPE", "CPE nain merci", "c'est l'herbe qui gouverne"!
e jeudi 6, un appel à action est lancé pour 15h devant le phénix. Un cortège d'environ 1 500 personnes quitte le campus pour une manifestation en ville; seule la commission action est au courant de la destination finale. Le dispositif policier est testé en se dirigeant vers la rue Caponière, faisant croire que le cortège se dirige vers le rectorat il part dans le sens inverse vers la mairie. Il passe encore devant la préfecture où les forces de l'ordre sont placées massivement. C'est encore une diversion puisqu’il prend la direction de la prairie au pas de course...puis de la gare en passant, cette fois ci, par un talus. Les renforts de police arrivent assez rapidement. Malheureusement, cette arrivée fait déplacer les manifestants vers le parking de la SERNAM. C'est un groupe d'environ 200 personnes qui fait face aux policiers au lieu d'occuper les voies. Des appels au calme sont lancés régulièrement du mégaphone, des policiers et du personnel préfectoral tentent à plusieurs reprises de négocier "une libération pacifique" des voies sans succès. Vers 18h30, des appels à se regrouper pour repartir vers la fac sont lancés. C'est à ce moment que quelques uns commencent à lancer des cailloux sur les policiers. La réponse est immédiate, les lacrymos pleuvent sur les manifestants, 60 gendarmes mobiles se déploient autour des voies pour nous encercler. Tout le monde court à travers les voies pour atteindre l'extrémité du quai A côté Cherbourg. Les policiers et gendarmes mobiles progressent rapidement, ils continuent à utiliser de la lacrymo et à manier la matraque. Certains manifestants sont pourchassés à travers les voies et reçoivent quelques coups. Finalement, tous les manifestants sont repoussés hors de la gare, ils se regroupent place de la gare. C'est à ce moment que les gendarmes mobiles sortent de la gare et forment une ligne sur la largeur de la place. On compte déjà à ce moment plusieurs blessés côté manifestant mais aussi des voyageurs incommodés par les gaz lacrymaux. Plusieurs ambulances des pompiers sont garées dans une rue parallèle à la place de la gare et sert de poste médical avancée. Les manifestants courent vers la rue de la gare, les gendarmes mobiles les poursuivent. Les manifestants commencent à prendre tout ce qu'ils trouvent sur la route (poubelles, matériels de chantier, etc.) pour faire des barrages afin de retarder l'avancée des forces de l'ordre. Une première barricade est érigée sur le pont Churchill, elle résiste à une première charge des gendarmes mobiles mais pas à la seconde. Beaucoup de manifestants pensaient que cela allait s'arrêter au niveau des ponts de l'Orne mais les gendarmes mobiles continuent leur progression. Place de la Résistance, les affrontements reprennent de plus bel, la place est inondée de gaz lacrymogènes. Le scénario se reproduit tour Leroy, la station de tram Saint Pierre est à son tour gazée. Une partie des manifestants tentent de regagner la fac via la rue de Geôle, d'autres par le Vaugueux. Dans les deux cas, les forces de l'ordre sont présentes et continuent de poursuivre les manifestants. Il y aura en tout 10 interpellations à l'issue de cette action, les dernières étant effectuées aux alentours de 20h dans le Vaugueux. Le soir, l'émotion est vive parmi les occupants, des rumeurs circulent sur l'arrestation de telle ou telle personne (surtout des "leaders"). Des élus politiques de gauche vont demander des explications au préfet, ils n'obtiennent rien. Plusieurs militants font des allers-retours au commissariat pour avoir des nouvelles sur les interpellés, des contacts sont pris avec divers avocats en vue d'éventuels procès.
Le vendredi 7 avril, au lieu de l'action prévue (occupation symbolique des lieux de justice), il est décidé de faire une manif contre la répression. Un cortège de 1 500 personnes part en ville avec le renfort des intermittents du spectacle qui avaient défilé le matin. Etant ce qui s’est passé la veille, la décision est prise en cours de défilé de se diriger vers l'hôtel de police. Des étudiants s’assurent auparavant auprès des renseignements généraux qu’il n’y aura pas de policiers en tenue de maintien de l’ordre, ils leur répondent que ça ne sera pas le cas. Arrivés aux abords de l’hôtel de police, la tête du cortège aperçoit des policiers en nombre près à intervenir ; ils s’en prennent aux renseignements généraux qui leur répondent que le déploiement est nécessaire à cause de la présence d’«éléments perturbateurs en fin de cortège ». Il n’en est rien, le cortège décide quand même de passer devant l’hôtel de police en criant sa solidarité avec les interpellés. Il n’y a aucun débordement de leur part mis à part un lancer d’œuf sur un muret... Les manifestants repartent ensuite en ville, les tribunaux sont gardés par un impressionnant dispositif policier. Mais à chaque fois, il n'y a aucun débordement, preuve qu'ils savent comment gérer un cortège…Finalement, place de la Résistance, quelques agences d'intérim sont brièvement occupées.
Le samedi 8 avril, les enseignants du second degré, essentiellement, appellent à un blocage économique symbolique du principal centre commercial : Carrefour Mondeville 2. Dès 13h30, des barrages filtrants, dans un premier temps, puis bloquants sont mis en place sur les bretelles d’accès au centre. Plusieurs automobilistes tentent à plusieurs reprises de forcer les barrages mais ils en sont dissuadés par le nombre de manifestants et parfois l’intervention de policier en civil. Après une heure, les manifestants se regroupent pour former un groupe plus compact sur la voie d’accès principale, près du Mac Donald. Finalement, il est décidé de laisser passer les voitures et la plupart des étudiants regagnent le campus 1.
Lundi 10 avril, la chère présidente d'université a appelé les étudiants à venir à 8h, via les médias, pour aller en cours alors que les bâtiments sont encore bloqués. Les anti-bloqueurs se sont organisés via un blog pour coordonner le déblocage des différents bâtiments, des points de rendez vous sont fixés. Du côté des bloqueurs, les barricades ont été renforcées, des professeurs et des IATOSS décident de venir en renfort le dimanche soir et dorment sur place. Les anti-bloqueurs sont un peu plus nombreux que d’habitude mais beaucoup d’étudiants sont venus uniquement pour voir s’ils avaient cours. Les plus extrémistes tentent une première fois dans le bâtiment Droit mais sans réussite. Ils décident de s’attaquer au bâtiment Sciences par l’entrée de l’IUP agro-alimentaire. Ils arrivent en partie à ouvrir la porte et les bloqueurs arrivent difficilement à les repousser. Des coups, un peu plus violent que d'habitude, sont échangés. Avec l’arrivée de renfort, les bloqueurs arrivent à refermer la porte, les anti-bloqueurs sont dégoutés et trainent en petit groupe sur le campus afin de préparer une prochaine tentative d’intrusion. Une nouvelle tentative de déblocage a lieu en fin d’après midi toujours au niveau de l’IUP agro-alimentaire et en espace 2000.
Vers 11h, Chirac annonce qu'il retire finalement le CPE. L'après midi, l’action intitulée la tragédie sociale est quand même maintenue. C'est en bus qu'une centaine de personnes partent en action, direction le mémorial. A l’arrivée, les hôtesses d’accueil empêchent les manifestants de rentrer dans le hall. Ils n’en restent pas là et décident de passer par les jardins qui entourent le bâtiment afin de rentrer par derrière. Des chasubles ont été confectionnées en nombre la veille pour symboliser la répression du mouvement. Des faux policiers sont postés sur une balustrade, ils lancent des faux cailloux sur leurs camarades plus bas qui font semblant de tomber tous ensemble. En même temps, un texte est déclamé au mégaphone. La petite saynète est assez réussie, plusieurs touristes sourissent en la voyant. Les manifestants quittent le mémorial au cri de "la répression ne nous fera pas plier !".
Le mardi 11, il y a encore un bon millier de personnes à défiler. Les mots d’ordre ont un peu changé puisqu’ils insistent désormais sur le retrait de la loi d'égalité des chances dans son intégralité ainsi que le CNE. La manif est une des plus grosses en France ce jour là. Après un passage traditionnel en centre ville, le cortège se termine à la vallée des jardins. Un repas solidaire est organisé sur cet espace vert situé à proximité du centre ville, l’ambiance est assez détendue.
A 14h, la « sieste générale » est décrétée, un cortège d’environ 250 personnes se dirige vers le siège du MEDEF. Surprise, aucune force de l'ordre n'est présente, ils ont été pris de court. Au fur et à mesure que le cortège approche, les éclaireurs signalent l’arrivée discrète de policiers. Arrivés à destination, les étudiants s’aperçoivent que les portes sont fermées. Il est décidé alors de dormir sur les pelouses face au bâtiment abritant le siège du MEDEF. Ensuite, le cortège prend la direction de la chambre de commerce qui se trouve à une centaine de mètre ; le rond point qui se trouve à proximité est bloqué. La fatigue aidant, les manifestants repartent vers la fac via des petites rues pour que la police ne puisse les suivre. Ils s'arrêtent quelques minutes sur une passerelle au dessus du périf où la banderole est accrochée, les automobilistes témoignent souvent de leur solidarité en klaxonnant.
Le soir, pour la première fois, une manifestation nocturne est organisée. Visiblement, la préfecture s'attendait à des débordements car une compagnie de CRS14 est arrivée en renfort sur Caen. A l'issue de l'AG de ville, c'est environ 400 personnes qui défilent en faisant beaucoup de bruit dans les rues du centre ville. Une longue halte place de la république est faite où un repas solidaire est distribué. Les accès de la place ont été barricadés par des poubelles. Le cortège repart ensuite dans les rues. La dispersion se fait sur les pelouses du château face à l'église Saint Pierre. Après le départ des derniers étudiants, quelques personnes montent une petite barricade avec des poubelles. La police et les CRS décident de charger pour permettre aux pompiers d'éteindre le début d'incendie de planches de bois. 3 personnes ont été interpellées à cette occasion, elles sont relâchées dans la soirée sans poursuite judiciaire.
Le mercredi 12 avril, les AG du campus 1, 2 et 3 votent la reprise des cours à une large majorité, les bâtiments doivent donc être débloqués. L'AG du campus 1 en amphi Daure est assez bordélique, les anti-bloqueurs sont venus en nombre pour faire voter le déblocage. En contre partie, l'ancienne bibliothèque des sciences est occupée. Dès l'après midi, la doyenne de droit réinvestit son bâtiment alors que les bloqueurs n'ont pas encore fini de le nettoyer. Seul le bâtiment Inscription est encore bloqué pour une nuit. Cela permet aux anti-bloqueurs, le soir, d’essayer de rentrer dans ce bâtiment afin de fêter le déblocage !
Le jeudi 13, les étudiants tiennent à ce que le carnaval ait lieu (il a été annulé par l'université et la mairie), il se doit d'être revendicatif. Environ 300 étudiants défilent dans les rues de Caen en prenant les rues à contre sens, en passant par la galerie marchande de la FNAC, bref, dans la joie et la bonne humeur. Le soir, un barbecue est organisé sur les pelouses de la fac, les étudiants en profitent pour bruler leurs idoles (Nicolas Sarkozy, Laurence Parisot, Bruno Julliard...).
Le mardi 18 avril, une nouvelle AG se tient (200 personnes), à l'issue de celle-ci, le bâtiment Présidence est occupé pour signifier à la présidente de l’université que les étudiants n’ont pas apprécié son comportement durant le mouvement. Avec les tables d'Aula Magna, ils lui laissent un message " Nicole démission".
Le jeudi suivant, le 20, les derniers irréductibles décident de s'attaquer à un centre économique, Carrefour côte de Nacre. Plus d'une centaine d'étudiants distribuent des tracts aux 3 entrées. Les caddies sont ensuite emmenés pour bloquer l'accès au parking. Le petit cortège repart ensuite vers la fac via les lycées Dumont D'Urville et Laplace. A 17h30, une seconde action est prévue : perturber l'inauguration de l'exposition Senghor au musée de Normandie. Les manifestants mangent des petits fours et boivent en l'honneur de l'auteur de la négritude. La police est présente en nombre vu les sommités locales présentes à cette inauguration.
Le 1er mai, il n’y a qu’une petite quarantaine de personnes à descendre du phénix pour rejoindre le cortège interprofessionnel. En tout, il y aura une petite centaine d'étudiants à défiler ce jour là. La mobilisation étudiante et lycéenne est décevante après toutes ces semaines de mobilisation.
L'après midi, une quarantaine d'étudiants, chômeurs, précaires répondent à l’appel de l’AG pour une action. Une voiture de police banalisée suit le petit cortège qui descend du Gaillon et qui se dirige vers le centre ville. Bizarrement, celle-ci arrête de les suivre arrivés rue de Geôle et leur permet d’accéder à notre cible : le Mac Donald. Il est rapidement investi, gênant son fonctionnement. Une équipe arrivée en voiture distribue de la peinture, plusieurs personnes refont ainsi sa devanture. De peur de l’arrivée de la police, il est décidé de repartir vers le campus 1. Le fast-food est obligé de fermer pendant quelques heures, le temps de nettoyer nos méfaits. Deux étudiants sont interpellés dans la soirée à cause de cette action.
Du mercredi 12 avril au mardi 18 juillet, l'ancienne bibliothèque scientifique du campus 1 a été occupée. Dans un premier temps rebaptisée "ds le cul Nicole" (avec les lettres du fronton, en hommage à notre chère présidente), ce lieu a été rebaptisé ZAP (Zone Autonome Permanente). Ce lieu de vie a mis du temps à fonctionner, il a fallu que les affinités se recréent. De plus, l'esprit n'était plus forcément à la lutte comme on venait de le vivre, la mobilisation allait en baissant. Cela n'a pas empêché le lieu de vivre: plusieurs débats ont été organisés ainsi que des concerts de soutien aux interpellés, deux pièces de théâtre ont été jouées.
1. La section d’intervention de la police nationale de Caen était intervenue à la demande de la présidente de l’université après que des étudiants se soient introduits dans son bureau.
2. Le recteur d’académie est président du conseil d’administration du CROUS
3. Les élus étudiants FSE/Sud Etudiant/UNEF, les élus IATOSS CGT/ Sud Education, des profs du SNESUP ont refusé de siéger
4. Nouvelle structure universitaire regroupant des laboratoires de recherche et des établissements d’enseignement supérieur. A terme, ces PRES seront les seuls structures qui recevront de l’argent pour la recherche publique.
5. Les organisations signataires du tract: FSE Caen, Sud Etudiant Caen, UNEF Caen, Jeunes Communistes 14, Mouvement des Jeunes Socialistes 14, comité jeunes CGT 14, UNSA jeunes, Résistances, UNL 14
6. Forum Social Universitaire de Caen, www.fsuc.free.fr
7. Collectif Calvados contre la précarité : CGT CHS, CGT CHU, CGT Valéo, USD CGT Santé et Action sociale, CGT Equipement (SNPTTE), Fac Verte, FSU, FSE Caen, Sud Solidaires, SYNAVI, UNEF Caen, UNL 14, UNSA Jeunes, ATTAC 14, AC! 14, Coordination des intermittents et précaires de Basse-Normandie, Collectif droit des femmes Calvados, Jeunesses Citoyennes 14, Résistances, MJS, La Souris verte-les Jeunes Verts, Anpag/Alternative citoyenne, LCR, MRC, PCF, PRG, PS, Les Verts.
8. Ils ont profité pour tracer une croix celtique au désherbant devant l'amphi Tocqueville
9. Elle seule peut décider de faire intervenir les forces de l'ordre sur le campus en vertu de la franchise universitaire. Tradition héritée du Moyen-âge, le président d'une université est responsable du maintien de l'ordre et peut faire appel à la force publique dans des conditions fixées par décret en Conseil d'Etat.
10. Le conseil scientifique, le conseil des études et de la vie universitaire et le conseil d'administration de l'université de Caen Basse-Normandie, réunis respectivement le 21, 22 et 24 mars 2006, comprennent l'inquiétude des étudiants à propos du CPE et s'associent à leurs préoccupations. En revanche, ils désapprouvent l'occupation de bâtiments universitaires, qui prive les étudiants dans leur ensemble de la liberté élémentaire de suivre les enseignements qui leur sont proposés, nuit au fonctionnement générale de l'université et menace la sécurité des personnes et des biens.
Le conseil d'administration demande instamment la fin immédiate de l'occupation illégale des bâtiments universitaires.
Pour permettre la mise en œuvre du dialogue et de la concertation nécessaires à la sortie de la grave crise actuelle, les trois conseils de l'université de Caen Basse-Normandie demandent instamment au gouvernement de suspendre l'application du CPE pour ouvrir très rapidement des négociations avec les syndicats et associations d'étudiants, de lycéens, d'employeurs et de salariés sur l'avenir professionnel de la jeunesse du notre pays.
11. Caricature des communistes utilisée par la droite dans les années 20
12. ERP : Etablissement Recevant du Public. Ces hommes sont chargés théoriquement d’intervenir en cas d’incendie dans les bâtiments. La plupart font partie d’une société privée de gardiennage et ont reçu une formation de lutte contre les incendies.
13. la manif du 15 novembre 1978 contre la politique de Raymond Barre. Des affrontements entre force de l'ordre et manifestants ont duré 2 heures au niveau du quai Vendeuvre après la tentative de blocage des 4 ponts sur l'Orne. Une seconde manif le 17 novembre dégénère à la fin, plusieurs magasins sont pillés en centre-ville.
14. ce fût la seule présence avérée de CRS sur Caen durant le mouvement. Le reste du temps, il y avait un escadron de gendarmes mobiles et la section d'intervention de la police de Caen. Cette dernière a souvent été confondue avec les CRS.