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Manif-action du 19 mai 2009

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La manif-action de ce mardi 19 mai était placée sous le signe de la convergences des luttes. Depuis déjà plusieurs semaines, les étudiants en lutte ont tissé des liens avec d'autres secteurs en mouvement. C'est le cas notamment de la santé. Ce mardi, les travailleurs sociaux ont prévu de se rassembler devant l'Agence Régionale d'Hospitalisation (ARH) située dans le quartier populaire de la Guérinière.

Le cortège, composé de plus de 500 personnes, descend donc du campus pour prendre la direction du sud de la ville. Durant son passage, des tracts appelant au CLIC (Comité de Lutte Intercatégoriel du Calvados) sont distribués. La rue Saint Jean est vite descendue avec un crochet par la préfecture pour passer par la prairie. Le quartier de la gare est évité pour remonter la route de Falaise. Le rythme est soutenu, en un peu plus de 45 minutes, le cortège est déjà au carrefour du boulevard Guynemer. Sur leur gauche, dans la rue de Cormelles, les manifestants peuvent déjà aperçoir la compagnie de CRS mobilisée. La manifestation marque une pause. Puis elle repart doucement. Les premiers manifestants distinguent au loin des policiers en tenue de maintien de l'ordre. Plus ils approchent, plus ils découvrent un dispositif policier disproportionné. En effet, une ligne de CRS coupe la rue de Falaise un peu en retrait du carrefour de l'aviation, empêchant aux manifestants d'accéder à l'ARH. Quelques étudiants vont discuter avec les policiers pour connaître la raison de ce déploiement. La réponse officielle est que les policiers ont pour objectif d'empêcher que les étudiants rejoignent les travailleurs de la santé qui occupent l'ARH. Aucune négociation n'est possible. Le cortège étudiant s'arrête à 150 mètres de la ligne de CRS. La confusion règne, des étudiants tentent de joindre par téléphone les contacts qu'ils ont eu avec les travailleurs sociaux. Les informations sont confuses. Le directeur départemental de la police parle avec un groupe d'étudiant et leur indique que la seule direction pour les manifestants est le nord (c-à-d retourner sur leurs pas). Les CRS opèrent une manœuvre pour s'avancer vers les manifestants qui commencent à reculer dans le calme. Le dispositif policier s'arrête au niveau des feux du carrefour de l'aviation.

Soudain, un coup de fil annonce que les travailleurs sociaux sortent l'ARH pour rejoindre les étudiants. Les manifestants entendent une clameur en provenance de l'arrière des CRS. Des drapeaux sont aussi visibles. La jonction est en train de se faire mais les étudiants restent prudent quant à la réaction de la police. Le slogan « grève générale, convergence des luttes » est chanté par les étudiants. Les travailleurs sociaux passent derrière les CRS qui se retirent au niveau de l'arrêt de tram Aviation. Les étudiants s'avancent alors et font enfin la jonction. Les CRS se replacent derrière les travailleurs sociaux pour empêcher la réoccupation de l'ARH. C'est à cet endroit, à côté de l'agence de la caisse d'épargne que la situation se tend. Des CRS provoquent quelques manifestants qui tentent de repartir vers l'ARH. Les policiers refusant de les laisser passer, le ton monte. Les CRS font usage de gaz lacrymogène à quelques centimètres des visages. Un mouvement de panique s'empare des manifestants qui courent le long de la voie de tram vers le quartier de la Grâce de Dieu. On dénombre près d'une dizaine de personnes incommodées par les lacrymogènes. Un étudiant reçoit un coup de matraque dans le dos et sur la tête. Il est évacué par ses amis. La situation est de plus en plus tendue ; les travailleurs de la santé se montrent solidaires des personnes blessées et leur prodiguent les premiers soins.

Le groupe de 500 personnes fait face aux forces de l'ordre, quelques travailleurs sociaux sont restés derrière les CRS, non loin de l'ARH. Après quelques minutes, la police décide d'évacuer tous les manifestants. Les CRS marchent vers les manifestants en tapant avec leurs matraques sur leurs boucliers. Les manifestants reculent vers le lycée Rostand dans le calme mais un mouvement de panique les fait courir. Quelques policiers en civil poursuivent les manifestants et un CRS menace un étudiant avec son lance-grenade à quelques centimètres de lui. Le dispositif policier reste sur le carrefour, au niveau de l'entrée de la rue de l'aviation. Parmi les manifestants, deux tendances s'affirment : ceux qui veulent rentrer en ville (majoritaire) et ceux qui veulent repartir vers le carrefour afin de ne pas laisser seuls les manifestants qui étaient restés près de l'ARH. Finalement, après plusieurs minutes de discussion, le cortège de manifestants prend la direction du quartier de la Grâce de Dieu. La pluie commence à tomber. Arrivés sur le rond point d'entrée du quartier, certains veulent rentrer dedans, d'autres veulent seulement repartir en ville. Finalement, c'est la direction de la ville qui est prise en empruntant la rue Armand Marie. A l'intersection de cette rue et du boulevard Lyautey, des manifestants prennent du matériel de travaux et le disposent sur la chaussée, essayant ainsi de bloquer les flux comme la commission action l'avait prévue. Cela fait sortir immédiatement l'identité judiciaire et la BAC qui suivaient le cortège en voiture. Des photos sont prises. La manifestation part se perdre ensuite dans le dédale des petites rues du quartier de Vaucelles. Visiblement, la commission action est déboussolée, plus personne ne sait quoi faire. La manifestation arrive quand même à rejoindre la rue de Falaise. Quelques poubelles récupérées sur le parcours sont disposées sur la chaussée. Le cortège remonte ensuite la rue Saint Jean et la rue de Geôle pour remonter sur le campus.


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